Crottes de chouettes : le guide complet pour tout savoir sur les pelotes de réjection

Publié le 19 août 2025

Vous vous promenez en forêt, dans un parc ou dans votre propre jardin, et votre regard est attiré par une étrange boulette grisâtre et feutrée au pied d'un arbre. Votre premier réflexe est de penser à une crotte d'animal, mais son apparence est singulière. Félicitations, vous venez probablement de trouver non pas une "crotte de chouette", mais un trésor biologique bien plus fascinant : une pelote de réjection.

Loin d'être un simple déchet, cette trouvaille est une capsule temporelle, un livre ouvert sur le régime alimentaire d'un des plus majestueux prédateurs nocturnes. Dans ce guide complet, nous allons démystifier ce que l'on appelle communément les "crottes de chouettes", vous apprendre à les identifier, à comprendre leur origine et même à les analyser pour percer les secrets de la nature qui vous entoure.

Illustration 1 Crottes de chouettes

Qu'est-ce qu'une "crotte de chouette" ? La vérité sur les pelotes de réjection

Le terme "crotte de chouette" est une erreur de langage courante mais compréhensible. Ce que l'on trouve n'est pas le produit de la digestion finale (les fientes), mais celui d'une étape intermédiaire. Il est crucial de faire la distinction pour comprendre le processus biologique à l'œuvre.

Pelote de réjection vs. Crotte : ne faites plus l'erreur !

La différence fondamentale réside dans le processus d'expulsion :

  • la crotte (ou fiente) : comme chez tous les oiseaux, il s'agit du déchet final du système digestif, expulsé par le cloaque. C'est une substance généralement liquide et blanchâtre, composée d'acide urique.
  • la pelote de réjection : c'est une boulette compacte contenant toutes les parties indigestes de ses proies (os, poils, plumes, dents, griffes, exosquelettes d'insectes). La chouette ou le hibou la régurgite par le bec, plusieurs heures après son repas.

En somme, la pelote n'a jamais parcouru l'intégralité du tube digestif. C'est un "nettoyage" de l'estomac avant la digestion complète des parties nutritives.

De quoi sont composées ces fascinantes boulettes ?

Une pelote de réjection est un agglomérat sec et généralement inodore, enveloppé dans une couche de poils ou de plumes compactés. À L'intérieur, c'est une véritable mine d'or pour les naturalistes. On y trouve :

  • Des crânes et des ossements minuscules (fémurs, vertèbres, côtes).
  • Des dents et des mâchoires de petits mammifères.
  • Des plumes d'autres oiseaux.
  • Des carapaces et des élytres d'insectes (scarabées, sauterelles).
  • Parfois des griffes ou des becs.

Chaque élément est un indice précieux sur le menu du rapace.

Pourquoi les chouettes et hiboux produisent-ils des pelotes ? Le secret de leur digestion

La formation des pelotes est une adaptation digestive brillante, partagée par de nombreux oiseaux de proie (rapaces diurnes, martins-pêcheurs, etc.), Mais elle est particulièrement étudiée chez les chouettes et hiboux.

Leur système digestif est composé de deux estomacs. Lorsqu'une chouette avale sa proie, souvent en entier, celle-ci arrive dans le premier estomac (glandulaire) où les sucs digestifs et les enzymes commencent à dissoudre les tissus mous (muscles, organes).

Ensuite, le tout passe dans le second estomac, le gésier. Ce dernier agit comme un filtre et un compacteur. Par des contractions musculaires, il sépare les parties molles et digestibles, qui continuent leur chemin vers l'intestin, des parties dures et indigestes. Le gésier compresse alors ces restes (os, poils, etc.) Pour former une pelote bien nette. Environ 6 à 10 heures après le repas, cette pelote est régurgitée.

Comment identifier les pelotes de réjection de chouettes ?

Savoir reconnaître une pelote de réjection vous permettra de confirmer la présence de chouettes dans un secteur. Voici les indices à observer.

Forme, taille et couleur : les indices visuels

  • forme : elles sont généralement de forme ovale ou cylindrique, avec des extrémités arrondies.
  • taille : la taille varie énormément selon l'espèce. Celles de la chouette effraie sont lisses, noires et vernissées, mesurant de 3 à 7 cm. Celles du hibou grand-duc peuvent atteindre 10 cm, tandis que celles de la chevêche d'athéna sont bien plus petites et friables.
  • couleur : fraîche, une pelote est souvent noire ou brun foncé et légèrement humide. En séchant, elle s'éclaircit pour devenir grise ou gris-brun.
  • texture : au toucher, elle est feutrée et légère, pas du tout comme une crotte de mammifère qui serait plus dense et pâteuse.

Où chercher et trouver des pelotes de chouettes ?

Les chouettes régurgitent leurs pelotes lorsqu'elles sont au repos. Cherchez-les donc à la verticale de leurs perchoirs favoris :

  • Au pied des grands arbres, notamment les conifères denses.
  • Dans les granges, les clochers d'église et les bâtiments abandonnés (le lieu de prédilection de la chouette effraie).
  • Sous les poteaux ou les corniches où elles aiment se poster à l'affût.
  • Dans les zones de lisière entre forêt et champ.

Si vous en trouvez une, il y en a souvent plusieurs autres de différents âges au même endroit.

Que mange la chouette ? Ce que ses "crottes" nous apprennent

L'analyse des pelotes de réjection est une méthode scientifique non invasive (qui ne perturbe pas l'animal) pour étudier le régime alimentaire des rapaces et la biodiversité d'un écosystème.

Analyser le contenu : une fenêtre sur l'écosystème local

En disséquant une pelote et en identifiant les ossements, les scientifiques peuvent répondre à de nombreuses questions :

  • Quelles espèces de rongeurs sont présentes dans la région ?
  • Y a-t-il des espèces rares ou protégées ?
  • Les populations de proies fluctuent-elles selon les saisons ou les années ?
  • La chouette adapte-t-elle son régime en fonction de la disponibilité de la nourriture ?

C'est un outil de suivi écologique extrêmement puissant.

Les proies les plus communes retrouvées dans les pelotes

Le menu varie selon l'espèce de chouette et son habitat, mais on retrouve fréquemment :

  • petits mammifères : campagnols, mulots, musaraignes, souris, et parfois de jeunes rats ou lapins.
  • petits oiseaux : moineaux, pinsons, et autres passereaux.
  • insectes : de gros coléoptères, des sauterelles, des criquets.
  • plus rarement : des amphibiens (grenouilles) ou des reptiles (lézards).

Le guide pratique : comment disséquer une pelote de réjection en toute sécurité

C'est une activité éducative et passionnante à faire avec des enfants (sous supervision) ou pour sa propre curiosité.

Le matériel nécessaire pour jouer les apprentis scientifiques

  • Une pelote de réjection sèche.
  • Des gants en latex ou nitrile.
  • Un plateau ou une assiette en carton pour travailler proprement.
  • Des pinces fines (pince à épiler), des cure-dents ou de petites sondes.
  • Une loupe pour observer les détails.
  • Une feuille de papier blanc pour y déposer et trier les ossements.
  • (optionnel) une clé d'identification des ossements de micromammifères (facilement trouvable en ligne).

Les étapes de la dissection, pas à pas

  1. stérilisation (recommandé) : pour éliminer toute bactérie, vous pouvez envelopper la pelote sèche dans du papier aluminium et la passer au four à 130°c pendant 45 minutes. Laissez-la refroidir complètement.
  2. observation externe : avant de la casser, mesurez-la, notez sa couleur et sa texture.
  3. démantèlement : mettez vos gants. Émiettez doucement la pelote avec vos doigts ou vos pinces. Elle devrait se défaire assez facilement.
  4. tri des éléments : séparez délicatement les os, les crânes et les dents de la masse de poils. C'est un travail de patience.
  5. identification : placez les ossements sur la feuille blanche. Essayez de regrouper les crânes, les mâchoires, les fémurs, etc. Avec une clé d'identification, vous pouvez tenter de déterminer les espèces de proies. Les crânes et les dents sont les plus révélateurs.
  6. nettoyage : une fois terminé, jetez les débris et les gants, et lavez-vous soigneusement les mains et le matériel.

Les pelotes de chouettes au jardin : un bon ou un mauvais signe ?

Trouver des pelotes de réjection dans votre jardin est un excellent signe ! Cela signifie qu'une chouette a élu domicile près de chez vous. C'est un allié inestimable pour le jardinier, car elle est un prédateur naturel redoutable contre les rongeurs qui peuvent endommager vos cultures et votre potager. Une seule famille de chouettes effraies peut consommer des milliers de rongeurs en une année.

Pour encourager leur présence, vous pouvez installer un nichoir spécifique, éviter l'usage de pesticides et de raticides (qui peuvent les empoisonner), et laisser des zones un peu plus sauvages dans votre jardin.

Précautions et hygiène : ce qu'il faut savoir avant de manipuler une pelote

Bien que les pelotes sèches soient généralement sans danger, elles peuvent potentiellement héberger des bactéries (comme les salmonelles) ou des parasites. Il est donc recommandé de :

  • Toujours manipuler les pelotes avec des gants.
  • Éviter de les porter à votre visage ou de manger pendant la manipulation.
  • Stériliser les pelotes au four avant une dissection, surtout si elle est réalisée avec des enfants.
  • Se laver les mains méticuleusement après toute manipulation.

Faq - questions fréquentes sur les crottes de chouettes

1. Est-ce que les pelotes de chouettes sentent mauvais ? Non. Contrairement aux vraies crottes, les pelotes de réjection sont sèches et composées de poils et d'os. Elles sont donc pratiquement inodores.

2. Est-ce dangereux de toucher une pelote de chouette à mains nues ? Le risque est faible, mais il est toujours préférable d'utiliser des gants par précaution pour éviter tout contact avec d'éventuelles bactéries.

3. Tous les oiseaux de proie font-ils des pelotes ? Oui, de nombreux rapaces diurnes (faucons, aigles) et d'autres oiseaux piscivores (mangeurs de poissons) en produisent. Cependant, leurs sucs gastriques sont plus puissants que ceux des chouettes, leurs pelotes contiennent donc beaucoup moins d'os intacts, ce qui les rend plus difficiles à analyser.

4. Combien de temps une pelote met-elle à se décomposer dans la nature ? Cela dépend des conditions. Dans un environnement humide, elle peut se décomposer en quelques semaines. Dans un lieu sec et abrité comme une grange, elle peut se conserver pendant des années.

5. Où peut-on acheter des pelotes de réjection pour un projet scolaire ? Plusieurs fournisseurs de matériel pédagogique et scientifique en proposent à la vente. Elles sont garanties stérilisées et prêtes à l'emploi pour une utilisation en classe.

6. Est-ce que toutes les chouettes font des pelotes de la même taille ? Non, la taille de la pelote est proportionnelle à la taille de l'oiseau et de ses proies. Une petite chevêche d'athéna produira une petite pelote friable, tandis qu'un grand hibou grand-duc régurgitera une pelote très grande et dense.

7. Combien de pelotes une chouette produit-elle par jour ? En général, une chouette produit une à deux pelotes par période de 24 heures, en fonction de la quantité de nourriture qu'elle a ingérée.

Illustration 2 Crottes de chouettes

Conclusion : plus qu'une crotte, un trésor de la nature

La prochaine fois que vous tomberez sur une "crotte de chouette", vous saurez qu'il s'agit en réalité d'une pelote de réjection, une archive fascinante de la vie sauvage. Ce petit paquet de poils et d'os est bien plus qu'un déchet : c'est le témoin silencieux de la chasse, un indicateur de la santé d'un écosystème et une formidable opportunité d'apprendre.

Alors, ouvrez l'œil lors de vos prochaines balades. Observez, analysez, et laissez-vous surprendre par les histoires que la nature laisse derrière elle. Chaque pelote est un puzzle qui ne demande qu'à être résolu.