Fourmis sur un oranger : pourquoi sont-elles là et comment les éliminer ?

Sur un oranger, les fourmis ne cherchent pas à forer l'écorce. Elles sont attirées par le miellat, une substance visqueuse et très sucrée excrétée par les insectes piqueurs-suceurs. Ces parasites se nourrissent de la sève élaborée de l'arbre et rejettent l'excédent de sucre sous forme de gouttelettes. C'est cette ressource abondante et facile d'accès qui transforme votre arbre fruitier en garde-manger à ciel ouvert pour la fourmilière voisine.

La relation entre les fourmis et les parasites de l'oranger est un cas d'école de mutualisme. Les fourmis ne se contentent pas de récolter le miellat ; elles pratiquent un véritable élevage. En échange de cette nourriture, elles protègent activement leurs "troupeaux" de pucerons et de cochenilles contre leurs prédateurs naturels, tels que les coccinelles ou les larves de syrphes. Elles peuvent même transporter les parasites vers de nouvelles pousses tendres pour favoriser leur expansion, aggravant ainsi l'infestation.

L'accumulation de miellat non consommé sur les feuilles finit par provoquer l'apparition de la fumagine agrumes. Il s'agit d'un champignon microscopique qui se développe sur les excrétions sucrées, formant une pellicule noire semblable à de la suie. Cette couche opaque bloque la lumière, empêche la photosynthèse et asphyxie le feuillage. À terme, cela conduit à un ralentissement de la croissance, une chute des feuilles et une baisse drastique de la production de fruits, un phénomène de déséquilibre écologique similaire aux attaques observées sur d'autres fruitiers méditerranéens.

En chassant les insectes bénéfiques, les fourmis rompent l'équilibre naturel. Les pucerons oranger et cochenilles, libres de se multiplier, puisent les ressources vitales de l'arbre. Sur un jeune sujet ou un oranger en pot, cet épuisement peut stopper la croissance, déformer les jeunes rameaux et, dans les cas graves, compromettre la survie de la plante.

L'installation d'une bande de glu autour du tronc est une solution radicale. Ce dispositif, disponible en jardinerie, est enduit d'une colle naturelle qui piège les ouvrières tentant de grimper, sans utiliser d'insecticides toxiques. Pour une efficacité maximale, placez la bande à environ 80 cm du sol. Assurez-vous qu'elle plaque parfaitement à l'écorce, surtout sur les vieux troncs rugueux, pour éviter que les fourmis ne trouvent un passage en dessous. Remplacez-la dès qu'elle est saturée d'insectes ou de poussière.

En complément de la glu, vous pouvez traiter le sol. Disperser de la terre de diatomée au pied de l'arbre crée une barrière microscopique coupante et asséchante, redoutable pour les fourmis. Un trait épais de craie ou un cercle de marc de café peut également perturber leurs pistes olfactives, bien que ces méthodes nécessitent un renouvellement fréquent après chaque pluie ou arrosage.

Le savon noir jardin est votre meilleur allié. Diluez 5 cuillères à soupe de savon noir liquide dans un litre d'eau tiède. Pulvérisez ce mélange sur le feuillage (pour nettoyer le miellat et la fumagine) et sur les chemins de passage des fourmis. Cette action a un double effet : elle supprime la source de nourriture (le sucre sur les feuilles) et agit comme un insecticide de contact léger qui asphyxie les fourmis et les pucerons.

Les fourmis communiquent par phéromones et détestent les odeurs fortes qui brouillent leurs pistes. L'acidité et l'odeur de décomposition fongique des citrons moisis placés au pied de l'arbre sont très dissuasives. De même, les purins de plantes comme la tanaisie ou la lavande, ou quelques gouttes d'huile essentielle de menthe poivrée diluées, peuvent masquer les pistes chimiques et éloigner la colonie durablement.

Une fois les fourmis bloquées par la glu au bas du tronc, les parasites sur les branches se retrouvent sans défenseurs. C'est le moment idéal pour nettoyer le feuillage atteint par la fumagine agrumes avec une éponge humide et du savon noir. Si nécessaire, utilisez une huile blanche (huile végétale) pour asphyxier les cochenilles agrumes à carapace.

Sans les fourmis pour les chasser, les prédateurs naturels (coccinelles, chrysopes, syrphes) reviendront spontanément. Vous pouvez accélérer ce processus en introduisant des larves de coccinelles achetées en jardinerie. En quelques jours, elles réguleront les populations de pucerons oranger, rétablissant l'équilibre sanitaire de votre verger sans chimie lourde.