Racine de thuya : caractéristiques, dangers et méthodes de destruction

C'est une question récurrente : jusqu'où descendent-elles ? La profondeur de racine du thuya est surprenante par sa superficialité. Environ 80% de la masse racinaire se développe dans les 50 à 60 premiers centimètres du sol. Bien que quelques racines d'ancrage puissent explorer jusqu'à un mètre de profondeur dans des sols meubles, le thuya reste un arbre à enracinement de surface. Cela le rend sensible aux vents violents mais aussi redoutablement efficace pour capter les pluies fines avant qu'elles ne pénètrent plus bas.

Ce que la racine ne prend pas en profondeur, elle le prend en largeur. Le système racinaire du thuya peut s'étendre horizontalement sur une distance égale à la hauteur de l'arbre. Ce réseau forme un tapis fibreux extrêmement dense, le « chevelu racinaire », qui monopolise l'eau et les nutriments. Cette concurrence déloyale explique pourquoi il est si difficile de faire pousser des fleurs ou d'autres arbustes à proximité immédiate d'une haie de thuyas matures. Le sol y est perpétuellement sec et pauvre.

Rassurez-vous, une racine de thuya ne possède pas la force nécessaire pour soulever les fondations d'une maison moderne en béton armé. Cependant, le danger est réel pour les ouvrages plus légers. Les allées pavées, les terrasses sur lit de sable et les murets de clôture aux fondations superficielles sont les premières victimes. En grossissant, les racines s'insinuent sous ces structures et provoquent des soulèvements ou des fissures inesthétiques, pouvant aller jusqu'à la déstabilisation d'un mur mitoyen.

L'hydrotropisme (l'attirance vers l'eau) rend les racines opportunistes. Les dégâts de racines sur canalisations surviennent lorsque le système racinaire détecte de l'humidité autour d'un raccord défectueux ou d'un vieux tuyau en grès ou ciment. Les radicelles, plus fines qu'un cheveu, pénètrent les micro-fissures. Une fois à l'intérieur, nourries par l'eau riche en nutriments, elles grossissent et forment un bouchon racinaire compact, causant refoulements et obstructions majeures. Les drains d'épandage de fosse septique sont également des cibles privilégiées.

Pour arracher une souche de thuya complètement, l'huile de coude ou la machinerie lourde sont requises. Pour les sujets jeunes, un détourage à la bêche suivi d'un effet de levier avec une barre à mine suffit. Pour une haie mature, l'utilisation d'une mini-pelle mécanique est recommandée pour extraire la souche et les racines traçantes principales sans s'épuiser. L'usage d'un tire-fort (palan manuel) accroché à un point fixe solide est une alternative intermédiaire efficace pour extraire la souche par traction.

Si l'extraction totale est impossible (proximité de réseaux), le rognage est la solution. Une rogneuse de souche vient grignoter le bois jusqu'à 20-30 cm sous le niveau du sol, transformant la souche en copeaux. Cette méthode laisse les racines périphériques mourir en terre, ce qui évite de bouleverser tout le terrain, mais empêche la replantation immédiate d'un arbre au même endroit exact.

Si vous ne pouvez ni arracher ni rogner, la dévitalisation chimique ou naturelle est l'ultime recours. Le dévitaliseur de souche (souvent à base de nitrate de soude ou de nouvelles formules biocides) s'applique dans des trous percés profondément à la perceuse dans le bois frais. Pour une approche écologique, l'insertion de gousses d'ail ou de gros sel dans ces mêmes trous, le tout recouvert d'une bâche opaque pour priver la souche de lumière et d'eau, accélère le processus de décomposition, bien que cela prenne plusieurs mois voire années.

Retirez soigneusement tous les copeaux de bois et débris de racines, car leur décomposition consomme l'azote du sol (faim d'azote), nuisant à la reprise des nouvelles plantes. Les conifères ayant tendance à acidifier le terrain, un apport d'amendement calcique (chaux, dolomie) est souvent nécessaire pour remonter le pH à un niveau neutre favorable à la majorité des végétaux.

Incorporez massivement de la matière organique (compost mûr, fumier décomposé) pour relancer la vie microbienne et améliorer la structure du sol. Évitez de replanter immédiatement des conifères (pour éviter les maladies spécifiques persistantes). Privilégiez des haies variées, des feuillus ou des arbustes caducs comme le photinia, l'éléagnus ou le laurier, plus robustes pour s'installer dans cet environnement en convalescence.